M. Kevin Vandevelde est chef de culture et gérant de l’exploitation Les Serres des Hauts de France à Arques, dans le Pas-de-Calais.
Après avoir travaillé sur l’exploitation familiale en Belgique, il a franchi la frontière pour construire 9 ha de serres de tomates, divisées en 2 compartiments.
Il nous parle aujourd’hui de son expérience sur la gestion du virus de la mosaïque du Pepino, suite à l’utilisation ces dernières années de deux méthodes de protection différentes, dont le vaccin V10 commercialisé par Koppert.
Koppert : avez-vous déjà été confronté au Pépino virus ?
Kevin Vandevelde : je le connais depuis son arrivée en Europe, c’était en 1998. Nous avons mis en place depuis 10 ans une protection sur les serres de mon père en Belgique, grâce à un vaccin concurrent. Lors de mon installation en France il y a 3 ans, j’ai continué à utiliser ce vaccin. La première saison s’est bien passée, malgré l’observation de quelques plantes jaunies à cause de virus, qui n’ont toutefois pas causé de pertes majeures.
Les difficultés sont arrivées lors de ma seconde saison française, l’année dernière. Bien que nous ayons appliqué le vaccin concurrent, les premiers symptômes sont apparus en moins de 10 semaines sur les plantes. Ils se sont aggravés au cœur de la saison, fin avril / début mai, avec des symptômes sur fruits rendant les grappes impropres à la vente. Nous avons été obligés d’en jeter une grande quantité.
Suite à cette mauvaise saison, un nouveau conseiller nous a parlé du vaccin V10, que nous avons décidé de tester.
K : Quand avez-vous appliqué le V10 sur vos plants ?
Kevin Vandevelde : nous avons appliqué le V10 deux jours après l’installation des plants dans les serres. Nous avons été agréablement surpris par la réactivité de commande du V10 : en commandant le vaccin avec une semaine seulement d’anticipation, il était là à temps pour la plantation.
Ce gain de réactivité est un avantage par rapport au vaccin concurrent, pour lequel les délais de commande étaient allongés car nous étions obligés de tester les plants avant inoculation du vaccin.
Dans le cas du V10, ce test préalable n’est pas requis.
K : Quelle méthode d’application avez-vous utilisée pour le V10 ?
Kevin Vandevelde : nous avons choisi* d’appliquer le vaccin en frottant une feuille par plant à l’aide d’une éponge imbibée de V10. C’est une technique un peu longue, mais qui nous a semblée efficace : on voit bien les traces de l’application sur la feuille, même 3 semaines plus tard. Cela permet de vérifier que tous les plants ont bien été vaccinés. Par ailleurs, cela garantit une répartition bien homogène du produit. Nous n’avions pas les mêmes certitudes avec le produit concurrent, qui s’applique par pulvérisation, et pensons que les problèmes que nous avons eus il y a 2 ans venaient du fait que des endroits de la serre étaient moins vaccinés que d’autres.
Un carton avec tout le nécessaire à l’application est fourni avec le V10 : grands et petits seaux, éponges, gants en coton et en latex, ficelles pour porter les seaux… c’est un atout car cela facilite l’organisation.
Nous avons préparé 5L de solution V10 que nous avons ensuite réparti dans 6 petits seaux de manière à ce que chaque applicateur ait son propre seau. Nous avons préparé des petites quantités de solution, pour le besoin d’une ½ journée, afin d’éviter que le produit ne réchauffe et ne perde en qualité.
Chaque applicateur portait un gant en latex pour protéger la main, plus un gant en coton pour la manipulation. Les éponges doivent être régulièrement humidifiées dans la solution pour assurer la présence du vaccin. Il est par ailleurs recommandé de les renouveler régulièrement afin d’éviter toute propagation dans le cas où le virus serait déjà présent dans la serre. Nous avons changé d’éponge toutes les 3 heures environ.
Il nous a fallu 1 journée ½ pour faire la moitié de la première serre car c’était la première fois, mais nous avons été plus efficaces dans la 2e serre.
* Il est aussi possible d’appliquer le vaccin en écrasant légèrement la feuille à l’aide du pouce et de l’index, grâce à un gant en coton imbibé du V10.
K : Comment s’est passé l’échantillonnage permettant de valider la présence du vaccin sur les plantes ?
Kevin Vandevelde : l’échantillonnage a eu lieu 4 semaines après l’application. Comme je n’étais pas disponible, c’est notre technicien Koppert qui est venu prélever des feuilles en suivant un protocole précis. Il a réparti les échantillons dans des sachets plastiques fournis, et les a envoyés dans une enveloppe préaffranchie également fournie par Koppert. Les échantillons ont été testés en laboratoire en Hollande. Les résultats ont révélé que le pourcentage de plantes vaccinées était meilleur dans la première serre que dans la seconde, mais que dans les deux cas la couverture du vaccin était suffisante. Comme les résultats de la seconde serre étaient moins bons, j’ai décidé de faire un nouvel échantillonnage 7 semaines après application, qui a démontré une meilleure couverture du vaccin.
En moyenne, 85% des plants de la serre étaient protégés. Je n’ai eu aucun souci lié au Pépino virus cette année.
J’ai préféré cette technique d’échantillonnage par rapport à celle du vaccin concurrent qui intervient au bout de la 10e semaine après application du vaccin. C’est un peu trop tard, car lors de la saison qui nous a posé problème, il y a deux ans, nous avons vu les symptômes du Pépino virus apparaître avant que l’échantillonnage n’ait eu lieu.
K : Pensez-vous réutiliser le V10 pour les saisons à venir ?
Kevin Vandevelde : pour l’instant je suis convaincu alors oui, je réappliquerai le V10 l’année prochaine !