La gestion sanitaire des gazons sportifs, que ce soit football ou rugby, est très particulière. Les attentes et les besoins des communes et des clubs sur ce type de terrains sont très exigeants et spécifiques. A l’heure du bilan de la coupe du monde, certains sont plus concentrés par la qualité du gazon que par les exploits des vedettes du ballon rond… Bien que l’un puisse très bien allier avec l’autre ! Aujourd’hui, pour mieux comprendre ce que nous pouvons attendre d’une gestion écoresponsable du gazon, le point avec Thierry Dasque. Il est responsable d’équipe et intendant des terrains de sport depuis 17 ans à la ville d’Auch dont les équipes de foot et rugby ont évolué pour l’une en CFA 2 et DH et pour l’autre en TOP 14 et PRO D2. Il est également formateur en création et entretien raisonné de gazons sportifs, pour le CNFPT. Il a choisi de travailler avec NatuGro dès l’homologation du Trianum en gazon. Auch a obtenu sa 4ème fleur cette année. La volonté du service est de raisonner au mieux sa démarche en optant pour des alternatives pour soigner un sol VIVANT. Le suivi est assuré par Adrien Lauberton, conseiller Koppert en Jardins, Espaces Végétalisés et Infrastructures pour l’Ouest de la France.
K : Quelles sont les spécificités techniques des terrains de sports de la ville d’Auch et leurs impacts sur votre méthode d’entretien ?
Thierry Dasque : la ville d’Auch, chef-lieu du département du Gers, possède 12 terrains sportifs engazonnés et un terrain synthétique refait l’année dernière. Le complexe du Moulias a plus de 50 ans et les deux terrains d’honneur ont été refaits il y 25 ans. 4 personnes sont chargées de son entretien. 6 autres personnes gèrent le site de l’hippodrome.
La texture de la terre de nos terrains de sport est à l’origine argilo-limoneuse, peu adaptée aux sols sportifs, c’est pourquoi nous l’avons améliorée d’année en année par un travail d’aération à aiguilles, de carottage et de décompactage associé à des sablages. L’inconvénient d’un tel substrat est sa tendance au compactage, qui génère une asphyxie du sol. Nous sommes donc très rigoureux sur le travail mécanique afin d’éviter ces problématiques et optimiser l’enracinement, l’activité biologique du sol et donc réduire les pathogènes potentiels. Nous avons un pH du sol élevé, ce qui nous pose quelques problèmes d’assimilation d’éléments nutritifs tels que le phosphore et certains oligoéléments comme le fer, manganèse, zinc. Au niveau du climat nous pouvons avoir des températures très élevées l’été avec de gros différentiels entre la nuit et le jour. Tout cela favorise une pression forte du pathogène Sclerotium rolfsii. Une fois installé, il est très difficile de s’en débarrasser, seul un décapage du terrain en profondeur ou des températures extrêmement élevées ou inversement un fort gel prolongé pourraient l’éradiquer. La prévention, la détection précoce, la réactivité d’intervention en curatif sont essentielles pour lutter efficacement contre cette maladie, et toute l’équipe participe au suivi sanitaire. Le terrain synthétique lui, nous offre une flexibilité dans la gestion des occupations l’hiver, nous permettant de délester et donc de préserver les terrains naturels en périodes d’intempéries.
Vous avez fait le choix de protéger vos terrains avec le programme NatuGro, proposé par Koppert, qu'est ce qui vous a convaincu dans cette démarche écoresponsable ?
Thierry Dasque : Trianum a été choisi ici, certes pour ses qualités de biofongicide, dans une démarche globale de prévention. Mais il a aussi été sélectionné pour toutes ses autres aptitudes : c’est un champignon bénéfique très polyvalent ! Il aide à la nutrition, à l’assimilation des oligoéléments, spécifiquement ici du phosphore qui nous pose problème. Cet élément est fondamental pour la qualité du chevelu racinaire et l’enracinement du gazon.
Associé à nos actions mécaniques, Trianum est complémentaire. Il a un effet reverdissant très net. Lors de notre première expérience avec Trianum, c’est un critère qui nous a marqué : la régénération du gazon est vraiment très visuelle.
Nous utilisons aujourd’hui NatuGro sur le terrain de rugby honneur et sur le terrain de foot Cripia : nos deux terrains les plus exigeants en termes de qualité. Trianum est un produit innovant et technique. Nous réalisons de nombreux essais avec les alternatives disponibles sur gazon. Trianum répond à nos attentes en termes d’efficacité et de respect du milieu.
A titre personnel, dans le cadre des formations que je propose, il me tient à cœur de proposer une gestion globale et durable de l’entretien des gazons sportifs. Pour mieux raisonner ces pratiques horticoles, il me parait essentiel aujourd’hui de mieux comprendre tous les mécanismes de la rhizosphère (les facteurs biotiques et abiotiques), et avancer vers une gestion qui s’intéresse plus à la vie du sol. Le programme NatuGro correspond complètement à cette approche.
Quelles sont les maladies que vous ciblez précisément avec le programme NatuGro ?
Thierry Dasque : notre ennemi cryptogamique numéro un est le Sclerotium rolfsii. Ce champignon est présent chaque année. Depuis 10 ans, la première attaque se déclenche toujours autour de la deuxième quinzaine de juin mais depuis l’an dernier, c’est beaucoup plus précoce et on observe de dangereuses récidives en août. Cette maladie est favorisée par notre climat du Sud-Ouest avec des pics de température très violents. NatuGro nous permet d’agir en préventif contre le Sclerotium et cela nous sécurise beaucoup. Le Pythium est historiquement moins problématique à Auch. Nous avons eu une attaque notable l’an dernier qui a été bien maitrisée avec Trianum en préventif et en curatif. Une semaine après le curatif, nous avons constaté un blocage des taches très net. Le Dollar spot, quant à lui reste très localisé et plutôt faible. Le fil rouge est anecdotique.
Sur Sclerotium rolfsii, quel est votre ressenti vis-à-vis de l’impact de NatuGro ?
Thierry Dasque : lors de la première année d’utilisation, notre première expérience a été frappante. Nous avions choisi de traiter seulement la moitié du terrain pour pouvoir juger clairement de l’efficacité. Nous avions agi vraiment tardivement, en juin seulement. La maladie est apparue la première semaine de juillet. Nous sommes passés alors localement sur les taches avec Trianum en formulation granulés, pour une opération que je qualifie de « coup de poing ». L’effet a été très rapide avec un arrêt net de la progression de la maladie et un terrain qui s’est régénéré. Sur l’autre moitié non traitée, Sclerotium est monté en puissance pour couvrir tout le terrain. Au 20 août la différence était flagrante. Le coup de poing Trianum G s’est révélé très efficace en curatif.
Une confiance acquise aujourd’hui
Nous avons eu cette année un démarrage progressif sur notre terrain de rugby honneur. De petits patchs caractéristiques couverts de sclérotes sont apparus. Les sclérotes sont de couleur blanche au départ et deviennent beige à marron. La gestion se fait sans fongicide de synthèse. S. rolfsii est véhiculé par les engins d’entretiens et par les crampons des joueurs. Les attaques démarrent souvent aux entrées des engins et joueurs. Il faut s’adapter au climat changeant, les attaques étant très liées aux coups de chaud. Il faut garantir une observation et une réaction rapide. En associant l’efficacité du produit et une bonne réactivité, nous sommes dans une démarche de biocontrôle confiante.
Vis-à-vis de la qualité du gazon, quels sont les atouts de Trianum ?
Thierry Dasque : on réattaque mieux le début de saison. C’est un confort car il faut être au top pour les premiers matchs officiels. Le terrain doit être opérationnel à ce moment précis malgré l’été stressant pour le végétal. Trianum nous permet de mieux passer la période estivale. Je vois également une grosse valeur ajoutée du Trianum sur l’enracinement : qualité essentielle exigée pour un gazon sportif. Enfin l’atout principal de Trianum est pour moi son action globale positive pour les graminées en plus de sa vocation de biofongicide.
Le programme NatuGro est-il facile à mettre en œuvre ?
Thierry Dasque : oui, très clairement. Il n’y a aucune difficulté technique dans la mise en place. Pas de dépôt, pas de grumeaux, l’application se fait au pulvérisateur. Le sol doit bénéficier d’un bon niveau hydrique. Nous essayons de faire avant une aération à aiguilles. Nous réalisons ensuite un bon arrosage. Le produit se conserve au frais. Le programme est moins coûteux qu’un traitement chimique, c’est très acceptable et il respecte complètement la qualité du sol. Nous travaillons sur la santé du gazon, l’enracinement : l’accompagnement est global. Il me semble qu’il faut bien percevoir tous ses bienfaits et intégrer cette prévention permettant d’anticiper les retraits d’homologation des fongicides. C’est une réflexion sur le long terme.
Quelles sont les bases pour réussir dans cette nouvelle approche de la protection des plantes ?
Thierry Dasque : c’est une opportunité de travailler avec ces nouvelles solutions, certainement pas une contrainte ! Je le vois comme un challenge dans mes formations. Il est essentiel de convaincre sur l’intérêt de l’entretien raisonné des terrains. NatuGro réduit les impacts sur notre santé et sur l’environnement. Convaincu par cette démarche, je veille à m’autoformer en permanence sur les aspects de vie du sol et de gestion raisonnée qui évoluent beaucoup. Le conseil apporté est donc bien évidemment essentiel. Adrien Lauberton nous rend visite régulièrement, nous propose avec Koppert des protocoles précis, et évolutifs en fonction des retours sur la région. La connaissance et le partage des expériences est clairement une des bases pour avancer dans cette gestion nouvelle.
Adrien Lauberton : inversement, la qualité du conseil que nous pouvons apporter sur les différentes régions est très fortement liée à tous les retours terrains avec les professionnels en golfs, en terrains de sports qui nous permettent de repositionner nos approches et la synergie entre les solutions proposées. Tout évolue beaucoup dans ce domaine d’activité. C’est l’échange qui est clef de réussite et de satisfaction.
Le programme NatuGro se développe sur de nombreuses cultures, les résultats sont là. Pour toutes ces cultures, la conclusion est la même : c’est la curiosité et l’observation que l’on apporte dans le système qui fait avancer la démarche et améliore chaque année les résultats.